Amitié Judéo-Chrétienne de Mulhouse
4. Déclaration des Juifs de France sur le Christianisme 5. Un logo qui est tout un programme 7. Le mot du président et son comité |
Nous proposons sur un DVD
quatre véritables documents historiques, dont deux audios et deux vidéos sur le
dialogue entre juifs et chrétiens à Mulhouse.
D'une valeur de 8 €, ce documentaire permet
d'entendre les voix de :
- Jules
ISAAC. Juif, historien, inspecteur
de l’Éducation Nationale, il est l'initiateur avec d'autres du mouvement de
l'Amitié Judéo-Chrétienne en France.
- Roger SPIRA. Juif, cardiologue, il est avec d'autres
l'initiateur de l'Amitié Judéo-Chrétienne de Mulhouse.
A ces deux illustres voix qui résonnent pour nous comme des
aiguillons à notre conscience, s'ajoutent
- un reportage vidéo diffusé
sur France 3 Alsace, réalisé avec le concours du magazine " Paraboles
",
- le film officiel des 50 ans d'Amitié
Judéo-Chrétienne à Mulhouse.
Ce DVD a été réalisé avec le soutien de la Région Alsace et du Conseil Général du Haut-Rhin.
Son acquisition
auprès de Jérôme Batoula, Président de
l'AJCM, sera un encouragement au progrès du dialogue entre juifs
et chrétiens en Alsace.
« L’Amitié Judéo-Chrétienne de Mulhouse (A.J.C.M.) se fixe comme but de rapprocher Judaïsme et Christianisme en substituant respect, amitié et compréhension mutuels aux malentendus séculaires et aux traditions d’hostilité. Elle veut en particulier, par une coopération active et cordiale, travailler à réparer les iniquités dont le judaïsme depuis des siècles a été victime, et à en éviter le retour. » (art. 2)
« Elle exclut de son activité tout syncrétisme et tout prosélytisme entre judaïsme et christianisme. Elle appelle au respect mutuel de nos rites et traditions, notamment par l’étude des textes des deux traditions ainsi que l’étude et le respect des rites juifs et chrétiens. » (art. 3)
« L’A.J.C.M. est affiliée à l’Amitié Judéo-Chrétienne de France dont elle partage les objectifs ». (art. 6)
4. Déclaration des Juifs de France sur le Christianisme
"Déclaration pour le Jubilé de Fraternité à venir", déclaration des Juifs de France sur le Christianisme, 23 novembre 2015.
Vidéo de la remise de la "Déclaration pour le Jubilé de Fraternité à venir" par le Grand Rabbin de France Haïm Korsia au Cardinal Vingt-Trois, au Collège des Bernardins :
https://www.youtube.com/watch?v=li_qPtbCqao
Eglise et Israël, déclaration des Eglises protestantes d'Europe, 2001.
5. Un logo qui est tout un programme
Nous y voyons le rouleau de la Torah et le Livre de la Bible, non pas séparés chacun dans leur coin, mais liés l’un à l’autre afin de se féconder mutuellement.
Le sigle AJCM est placé dans cette roue que l’on retrouve dans le logo de la ville de Mulhouse et qui symbolise aussi l’effort et le travail : travail de connaissance à partir des textes sources commentés par ceux qui en assument aujourd’hui l’héritage, et aussi travail sur nous-mêmes, sur nos peurs et nos préjugés, jusqu’à avoir pour l’autre un respect sincère et une réelle amitié.
Notre activité principale consiste en une série annuelle de 4 à 6 conférences sur un thème choisi. (Par exemple : La prière ; La paix ; Histoire et apocalypses ; Le peuple de Dieu ; La souffrance ; La mort ; Tradition et transmission ; Le Notre Père ; etc.)
Le temps de parole est réparti entre conférenciers chrétiens (catholiques et protestants en alternance) et conférenciers juifs (dont Armand Abécassis est pour nous un des maîtres les plus fidèles).
Les conférences se tiennent depuis 2003 à la Cour des Chaînes, 13 rue des Franciscains, à Mulhouse (merci à la Ville de Mulhouse, propriétaire des lieux, qui y met une salle à notre disposition).
Elles sont ouvertes à tous ceux qui veulent se joindre à nous (pour une année ou simplement pour une soirée) moyennant une participation aux frais.
Ce type de rencontres existe à Mulhouse depuis plus de 40 ans (cf § 6)
Le noyau des plus fidèles s’est érigé en association type loi 1901 et est inscrite au registre des associations en date du 8 novembre 2001. Il est possible de les rejoindre moyennant une cotisation annuelle de 25 €.
Président honoraire: Francis Diény, 7 rue de Reiningue, 68200 Mulhouse-Dornach, tél. 03.89.42.97.82
Président : Jérôme Batoula, 3, rue du Bosquet, 68110 Illzach, tél. 03.89.57.11.64, mél : jbatoula@free.fr
Entre
Juifs et Chrétiens, du dialogue de l'arrière-scène à celui de
L'hypothèse de
l'existence d'un dialogue permanent dès l'origine, entre la spiritualité juive
et la spiritualité devenue par la suite chrétienne, nécessite d'être démontrée.
C'est ce que je vais modestement essayer de faire ici en vous invitant au
final, à le vivre par vous-même.
Ce dialogue est à
l'image des enfants qui se heurtaient dans le ventre de Rébecca avant même leur
entrée dans l'histoire. La torah* porte témoignage de ce conflit prénatal. Les
rabbins, qui ne manquent jamais une miette, y voient une image de la relation
judéo-chrétienne.
Ce conflit, cette
rivalité in utero, devenue rivalité spirituelle dès lors qu'elle a été incarnée
par les femmes et les hommes, n'a pas toujours été perçue, qualifiée de
dialogue au sens moderne du terme.
Il a fallu un
événement innommable, la Shoah, pour que ce qui se déroulait à l'arrière-scène,
que nous appelons dialogue judéo-chrétien, prenne tout d'un coup un sens
différent, une signification nouvelle, en passant à l'avant-scène et en
devenant socialement visible en Occident.
En réalité le
dialogue n'a jamais cessé entre judaïsme et christianisme, même si les rabbins
qui écrivaient ces commentaires n’avaient pas de chrétiens devant eux. Ils les avaient
à l'esprit. Ils écrivaient par rapport aux idées véhiculées par les chrétiens.
Ces rabbins vivaient en pays chrétiens (Pologne, France, Espagne...).
Leurs commentaires
portent le témoignage des problèmes que les chrétiens leur posaient. Ces
problèmes, ils ne les posaient pas sur le champ de bataille, mais dans leurs
ghettos, leurs synagogues, dans leurs maisons. Ils écrivaient à la lueur de la
bougie pour mettre en place leurs réponses et éviter le fondamentalisme,
l’obscurantisme dans leur communauté.
Le hassidisme,
mouvement juif de renouveau religieux au XVIIIème, a par exemple côtoyé une
certaine forme de la spiritualité chrétienne. Tout ceci pour dire que judaïsme
et christianisme ont toujours cheminé ensemble, et connaissent des influences
réciproques.
Parmi les
chrétiens, un certain nombre étaient conscients de ce dialogue. Mais la crainte
de l'Institution faisait qu'ils menaient ces débats discrètement à travers
leurs interprétations des textes bibliques. Des interprétations utilisant
souvent un langage codé tel que le premier venu ne pouvait rien y comprendre...
Comprenait qui pouvait et qui voulait...
Mais aujourd'hui il nous faut comprendre clairement et lucidement les enjeux de ce dialogue, comme nous le disons de façon moderne.
Nous n'avons plus à
craindre de bûchers, l'inquisition, l'excommunication... Toutes ces barbaries
ont cessé. En tout les cas nous l'espérons... Il s'agit maintenant d'être à
l'avant-scène, mettre les choses sur la table et les comprendre.
Quand nous lisons
par exemple Rachi, le grand commentateur de la Torah, nous voyons en fait que
celui-ci, dans ses commentaires, a fait des choix. C'est-à-dire, des choix
qu'il puise dans l'immensité des midrashim (commentaires juifs de la Bible)
qu'il avait à sa disposition dans le Talmud. Rachi a pris tel ou tel midrash et
a laissé les autres.
Ses choix ont pour
critère, pour référence, le dialogue judéo-chrétien. Et cela de manière continuelle, de façon à en marquer
les continuités et les discontinuités.
Ce type de dialogue
était à l'arrière-scène. Il n'était pas officiel, parce que officiellement,
l'Institution avait déclaré que SARAH, comprenez le judaïsme, était stérile,
que désormais le spectre était passé du côté d’AGAR, comprenez les païens
découvrant le monothéisme, et que maintenant c’étaient ceux-ci le véritable peuple de Dieu. Voilà ce qu'était la teneur
du dialogue de l'arrière-scène.
[Le papyrus Bodmer, retrouvé en Haute - Égypte, date environ des années 170. Il est écrit en grec. Ce petit « livre » de 75 feuillets est la copie d'un évangile la plus ancienne qu'on ait jamais découverte. L'évangile selon Jean, presque complet. Ce manuscrit ancien est conservé aujourd’hui à Cologny près de Genève en Suisse. Image capture d'écran in DVD « Corpus Christi »]
Désormais entre
juifs et chrétiens c'est devenu un dialogue au grand jour. Voire un dialogue
officiel. Un dialogue qui affirme la coexistence de ces deux spiritualités, de
ces deux manières irréductibles de répondre à l'exigence de l'Absolu.
Oui, c'est un
dialogue qui exige maintenant que nous ayons le courage de corriger nos
enseignements réciproques. Enseignements faits d’auto-malédiction (la Birkat
ha minim ou bénédiction des hérétiques), de substitution de promesses
divines de l'un au profit de l'autre (l’Église s'autoproclamant le vrai Israël,
l'Israël spirituel), de mépris de l'un pour
l'autre (Israël décrit comme l'ombre des choses à venir et l’Église qualifiée
de monothéisme idolâtre)...
- Les déclarations « Église et Israël » chez les protestants, le paragraphe 4 de « Nostra Aetate » chez les catholiques ;
- L'interdiction faite désormais par l’Église catholique de prononcer le tétragramme du nom de Dieu en disant « Yahvé », « Yehovah », dans les traductions, les célébrations liturgiques, dans les chants et dans les prières, par respect pour le Nom de Dieu, pour la Tradition de l’Église, pour le Peuple Juif, et pour des raisons philologiques ;
- Les demandes de pardon de l’Église aux frères juifs :
Pour les Églises
issues de la Réforme, les demandes de pardon sont nombreuses et plus anciennes,
mais moins médiatiques du fait d'une organisation sans magistère. C'est le cas
de la déclaration des synodes de l’Église évangélique d'Allemagne en 1950.
Plus emblématique
est la Déclaration de repentance de l’Église catholique de France, le 30
septembre 1997.
Toutes ces démarches sont très encourageantes,
mais encore insuffisantes. Nous venons de très très très loin... Le défi est
immense. Alors, entrons dans ce dialogue, vivons ce dialogue.
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Et voici une photo, prise le 16 janvier 2007, du comité de l'Amitié Judéo-Chrétienne de Mulhouse à cette date, avec Armand Abécassis notre conférencier de ce jour. Vous y reconnaîtrez (de gauche à droite à partir d'Armand Abécassis qui, lui, ne faisait pas partie du comité) :
Jérôme Batoula (actuel président) ; Thérèse Klein (actuelle trésorière); Arlette Chemouny (actuelle vice-présidente) ; Mariette Kunemann ; Jean-Marie Renoux ; Alain Fedida ; Francis Diény (actuel président honoraire).
en image et en résumé, l’histoire de l’Amitié Judéo-Chrétienne à Mulhouse de 1959 à nos jours